La théologienne Valérie Duval-Poujol avec la délégation française à l’ONU pour la Journée internationale des droits des femmes

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, qui se tiendra demain, Valérie Duval-Poujol a rejoint la délégation française aux Nations Unies. Invitée par la ministre Aurore Bergé, elle participera à la 69ᵉ Commission de la condition de la femme (CSW69), un rendez-vous clé pour l’égalité de genre, qui se tiendra du 10 au 21 mars 2025 au siège de l’ONU à New York.
Lorsque nous l’avons contactée, Valérie Duval-Poujol nous a confié l’intensité de ce qui se vit lors de la CSW : la force des témoignages, ainsi que l’importance d’écouter celles et ceux qui, partout dans le monde, œuvrent concrètement pour faire reculer les violences. Elle ajoute que chaque matin, avant de rejoindre les débats, elle retrouve une centaine de femmes chrétiennes dans une chapelle pour un temps de prière et de partage. Un moment essentiel pour prendre du recul et puiser la force de continuer le combat.
Cette année encore, la Commission réunira États membres, agences onusiennes et près de 700 ONG à New York, avec pour objectif d’évaluer les avancées et de proposer des recommandations pour accélérer l’égalité femmes-hommes. La délégation française, menée par la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, y portera ses engagements en matière de lutte contre les violences et de défense des droits des femmes.
"Là où il y a une volonté, il y a un chemin"
Présente en tant que vice-présidente de la Fédération protestante de France (FPF) et fondatrice de l'association Une place pour Elles, Valérie Duval-Poujol interviendra sur les enseignements à tirer de l’affaire Gisèle Pélicot. Ce drame, qui a eu un impact important bien au-delà de nos frontières, a notamment mis en lumière le basculement de la honte du côté des agresseurs : "La honte a changé de camp", souligne la théologienne.
Elle prévoit de conclure cette intervention avec une métaphore forte, celle de l’incendie de Notre-Dame de Paris : une cathédrale en ruines, que beaucoup pensaient irréparable, qui a été restaurée en seulement cinq ans grâce à une volonté et des moyens exceptionnels. "Là où il y a une volonté, il y a un chemin. Quand on se donne les moyens de lutter contre les violences conjugales, les chiffres baissent", insiste-t-elle.
Au-delà des discussions institutionnelles, elle nous rappelle que l’engagement se joue aussi dans les gestes concrets, à l’image de l’action portée par Une place pour Elles, l’association qu’elle a fondée en 2018. Une association qui se bat "pour que ces violences cessent", mais aussi pour qu’on n’oublie jamais ces femmes assassinées, ces victimes invisibles. Son action repose sur un acte symbolique : recouvrir une chaise d’un tissu rouge, violet ou noir, pour matérialiser l’absence d’une femme disparue sous les coups. Un geste simple pour libérer la parole et briser les tabous.
Ce n’est pas la première fois que Valérie Duval-Poujol assiste à la CSW, mais c’est la première fois qu’elle s’y rend avec la délégation française. Une reconnaissance de son engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes, notamment dans le cadre de ses fonctions au sein de la Fédération protestante de France. La théologienne a en effet participé à la mise en oeuvre et à l'écriture d'un livre présenté hier à la FPF intitulé Comprendre et lutter contre les violences en protestantisme. Un ouvrage qui met en lumière les différentes formes de violences (spirituelles, sexuelles, conjugales, éducatives, inceste, harcèlement) et invite à prendre conscience, accompagner et agir.
"Selon des chiffres officiels, au rythme actuel, il nous faudrait encore 300 ans pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde", nous explique-t-elle. Un triste constat qui lui fait dire qu'il est grand temps "de passer à la vitesse supérieure".
Camille Westphal Perrier